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Des élections et des priorités

Épisode 2 de la saison 2 du Balado communautaire « Grand Plateau » de la Corporation de développement communautaire du Plateau Mont-Royal

Avec les invités Hubert Lavallée (À nous le Plateau!)
et Annie Pelletier (Maison d’Aurore).

Hubert Lavallée d’À nous le Plateau et Annie Pelletier de la Maison d’Aurore, en compagnie de l’animateur Guillaume Grenon, discutent d’action communautaire, de mouvements et espaces communautaires, d’assemblées citoyennes, de l’initiative citoyenne À nous le Plateau!, de démocratie directe et participative et de politique locale, dans le cadre de ce balado diffusé le 18 octobre 2021.

Ielles évoquent ensemble les idées qui ont étés soulevées lors des assemblées citoyennes du 10 septembre organisé par la CDC et celles d’À nous le Plateau du 2 et 6 octobre dernier, en vue des élections municipales de novembre 2021.

Avant de se joindre au comité organisateur d’À nous le Plateau, Hubert et sa conjointe Catherine souhaitaient s’impliquer plus dans leur quartier. Ielles ont vu dans l’opportunité de participer à ces assemblées citoyennes l’occasion de mieux connaître les enjeux de l’ensemble du quartier et d’échanger avec les gens qui le compose.

« L’engagement par les citoyens, que ce soit par les forums comme on fait, mais aussi au niveau de leurs discussions de voisinage, de leurs rencontres et de leurs engagements dans des organismes, a un impact direct sur leur qualité de vie, sur leur milieu de vie, sur l’environnement et, je pense aussi, sur leur bonheur. »

Hubert Lavallée, membre organisateur d’À nous le Plateau!

Hubert témoigne: « Franchement, on a été un peu renversés de tout le débat ouvert qui avait lieu, des gens qui étaient là, de tous les milieux, et c’est ce qui a fait qu’on s’est engagés à maintenir ce forum-là ». Hubert a été surpris lors sa 1ere participation à cette assemblée citoyenne de voir la variété des enjeux que des participants de toutes les couches de la société pouvaient amener et la participation des élu-es, non pas en tant que politicien-nes mais plutôt citoyen-nes, de même que les organismes communautaires, toustes se rassemblant autour d’une même table pour discuter de solutions. « Avant les gens se rencontraient sur le perron de l’église, alors ils ont besoin maintenant de lieux de rencontre pour discuter de leurs enjeux proches » explique Hubert. « C’est comme ça effectivement que la communauté se rencontre et peut discuter de ces enjeux-là et amener des revendications et de solutions qui vont satisfaire ses besoins. »

Hubert relate les thèmes qui ont étés abordés à l’assemblée d’À nous le Plateau de cette année: le logement (l’accessibilité, l’abordabilité, les aspects sanitaires, les rénovictions,…), l’intégration sociale (pour une meilleure accessibilité universelle aux sanitaires, aux commerces, aux transports en commun et aux lieux public), enfin la gestion des déchets (la réduction, le recyclage, le compostage,…).

Annie nous parle de l’assemblée de septembre en nous rappelant les différents groupes qui composent leurs membres: des groupes de femmes, d’habitation, de la jeunesse, des ainés, de sécurité alimentaire, de travail de rue et d’itinérance. Elle aborde les chamboulements sociaux qu’a amené la pandémie. Les grands oubliés de cette crise, soit les jeunes, sont aux prises plus que jamais avec des enjeux de décrochage, de cyberintimidation, de stress dans les familles et du peu d’espaces d’expression et d’échanges dont ils disposent. Il en est de même pour les ainés et pour les populations marginalisées qui rencontrent de nombreux enjeux de cohabitation, avec l’ampleur de la crise de l’itinérance qui est liée à l’enjeu du logement et à la hausse du coût de la vie.

« Désormais, vivre sur le Plateau est un privilège et y rester est un combat. »

Annie Pelletier

Cependant, Annie amène à notre attention que, si la mixité sociale est à double tranchant car elle peut parfois accélérer la gentrification en donnant l’image d’un quartier où il fait bon vivre, elle reste tout de même bel et bien nécessaire pour assurer le bien-être dans les quartiers. Elle mentionne que c’est par la sensibilisation de tous et chacun au niveau individuel et collectif que cela est possible et devient reconnu comme valeur essentielle d’un quartier.

Guillaume mentionne que concernant la question du logement, en plus de ne pouvoir retrouver de logement à des prix équivalent, se faire expulser et rénovincer pour devoir habiter loin peut être très problématique et déstructurant pour un-e habitant-e de longue date qui a construit son tissu social et son réseau d’entraide dans un quartier. Pour freiner ce fléau, on parle bien sûr de construire des logements sociaux abordables, mais cette solution reste limitée dans un des arrondissement les plus densément peuplés. Annie nous fait mention des autres solutions qui ont étés maintes fois mentionnées dans les diverses instances citoyennes, communautaires et autres, mais qui restent encore à faire par les élus:

  • la nécessité de réforme en profondeur du mode de financement du municipal afin qu’il cesse de dépendre des augmentations foncières, problème structurant à la base de notre gentrification
  • un plus grand usage du « droit de préemption immobilier » par la Ville pour prévenir les ventes immobilières d’un privé à un privé qui ne vise que le profit et la spéculation.

Annie souligne aussi que nous serions en droit de nous demander ce qui guide les décisions d’utiliser ou non ce droit par la Ville. En particulier, elle cite le cas d’un projet qui a avorté et va finalement servir à de l’entreposage, alors qu’il aurait pu servir à faire un projet beaucoup plus structurant soit une coop d’habitation avec une service de garde au rez-de-chaussée.

Pour réussir à concerter les diverses visions qu’offre cette mixité, Annie nous propose de rester à l’écoute de tous, en particulier de ceux qui sont en situation de précarité. Elle nous rappelle que les privilégié-es ont toujours plus de moyens ou de facilité à défendre leur droit et leurs acquis. Il faudrait donc selon elle se tourner davantage vers celleux qui ont moins d’acquis et qui ont plus de difficulté à faire défendre leur droit, par le fait qu’ielles ont des besoins plus criants, moins d’acquis, de moyens, et bien souvent de compétences ou de savoir pour le faire. Elle souligne en passant l’importance de l’éducation populaire dans l’action communautaire.


A ce propos, nous vous invitons à prendre le temps d’apporter votre soutien aux Centres d’éducation populaire (CEP) qui sont actuellement en péril pour arrêt substantiel de leur soutien financier par le gouvernement.

Merci de signer la pétition ici!


Hubert signale qu’il est important, pour donner à tous les possibilité de s’exprimer, de privilégier les canaux le plus directs et les plus simples possible pour les gens, pour faciliter la communication et bâtir des solidarités. Il évoque que bien que nous vivions dans une société riche au Québec, nous savons que tous n’ont pas la chance de profiter des ces acquis sociaux collectifs. C’est par l’engagement citoyen que nous pouvons faire en sorte pour que cela soit le cas, en faisant des recommandations à nos élu-es, mais aussi en facilitant les solidarités citoyennes qui peuvent se mettre en place à petit échelle et être très aidantes dans la vie de tous les jours.

De plus, il est important de rappeler que les citoyens peuvent et doivent exiger de se faire entendre par leurs élu-es. Hubert cite en exemple le cas de ses voisins qui se sont rassemblées à l’occasion de la création d’une ruelle verte, pour ensuite aborder d’autres enjeux qui leur tenaient à coeur et interpeler les élu-es.

Il suggère qu’augmenter les budgets participatifs annuels du Plateau serait sans doute souhaitable car pour l’instant, le pourcentage qui lui est réservé est très petit par rapport à ce qui se fait ailleurs. Mais c’est par la participation des citoyen-nes que cela pourra se faire. Il ne faut donc pas oublier que dans ce sens, participer, c’est revendiquer!

« La démocratie locale et directe est beaucoup plus intéressante parce qu’elle nous permet vraiment d’avoir une prise et nous permet aussi de voir et d’expérimenter les effets des décisions. »

Annie Pelletier, coordonnatrice à la Maison d’Aurore.

Annie souligne qu’il faudra donc du courage politiques des élu-es et de l’implication des citoyen-nes pour arriver à améliorer les choses.

Écoutez l’ensemble du balado ici: